La lutte du peuple canadien pour la démocratie, la souveraineté, la paix et le progrès social est essentiellement une lutte politique contre les grandes entreprises et leur contrôle de l’État canadien. Les intérêts de la grande majorité de la population au Canada entrent en conflit avec les politiques antidémocratiques et néolibérales des multinationales et des banques.
La classe de ceux et celles qui travaillent pour que les capitalistes puissent en tirer profit – la classe ouvrière – est la plus nombreuse au Canada. Ses intérêts s’opposent directement à ceux des capitalistes. Cependant, l’expérience de travailler ensemble a pour résultat de discipliner les travailleurs et travailleuses et de les former à une éventuelle action collective. Raison pour laquelle, non seulement ils doivent, mais peuvent agir efficacement pour soutenir les intérêts de leur classe contre les intérêts et les politiques de la classe capitaliste. Cela fait d’eux les leaders naturels de toutes les forces progressistes. Cela établit également l’importance primordiale du mouvement ouvrier, le secteur le mieux organisé de la classe ouvrière.
La classe ouvrière a besoin d’alliés pour vaincre l’immense pouvoir coordonné du capital financier. Par conséquent, le mouvement syndical – son contingent organisé – doit bâtir l’unité de concert avec les autres secteurs et mouvements du peuple canadien qui subissent les contrecoups de la domination du capital financier, et qui ont objectivement intérêt à s’engager dans une nouvelle voie démocratique pour le Canada. Pour être efficace et couronnée de succès, la lutte contre le capital financier doit avoir pour noyau la classe ouvrière, sa force motrice et dirigeante.
Le Parti communiste travaille à la création d’une alliance démocratique, anti-monopoliste, anti-impérialiste, dirigée par la classe ouvrière et unissant tous les mouvements ouvriers et autres mouvements démocratiques. Une telle alliance est à même de mobiliser un large soutien pour des politiques alternatives visant à réduire le pouvoir des monopoles : la propriété publique et le contrôle démocratique des industries-clés et des ressources naturelles, la création d’emplois, l’amélioration du niveau de vie et des avantages sociaux, la protection de l’environnement et la défense des libertés démocratiques.
L’unité de la classe ouvrière
Le rôle dirigeant de la classe ouvrière constitue le facteur indispensable pour une unité d’action efficace du peuple contre le capital monopoliste; et l’unité de la classe ouvrière est essentielle à sa capacité à jouer ce rôle de premier plan.
Le mouvement de la classe ouvrière ne peut progresser en se limitant à la seule lutte économique. Il doit défier le pouvoir politique de la classe dirigeante capitaliste et finir par le vaincre. Pour y arriver, la classe ouvrière a besoin de son propre parti politique. Le Parti communiste, par son idéologie révolutionnaire sans compromis du socialisme scientifique, entend être ce parti.
Un mouvement syndical fort et uni est essentiel à la défense et à l’avancement de la classe ouvrière dans son ensemble. Les travailleurs et travailleuses canadiens ont créé leurs propres syndicats et organisations de masse pour protéger et faire avancer leurs intérêts économiques en tant que salariés. Les syndicats sont leurs organisations de base de la lutte des classes. Les gains réalisés par le mouvement syndical servent les intérêts de toutes les masses laborieuses, qu’elles soient syndiquées ou non. Les gains économiques et sociaux réalisés par les syndicats contribuent à améliorer le niveau de vie et les conditions sociales de la classe ouvrière et des masses laborieuses en général. C’est pourquoi la classe dirigeante mène une campagne idéologique systématique visant à retourner les masses laborieuses contre le mouvement syndical.
La lutte entre la classe ouvrière et le capital continuera de s’intensifier. La classe capitaliste et son État ont lancé une attaque sur tous les fronts pour affaiblir et détruire le mouvement syndical. Il s’agit là d’un élément déterminant de la volonté des entreprises d’abaisser les salaires réels et le niveau de vie. En recourant au chômage de masse et à l’intervention directe de l’État, le capital monopoliste cherche à réduire le pouvoir de négociation des travailleurs et travailleuses, pour leur arracher des concessions partout où cela est possible. Lutter contre les concessions et pour élargir le champ de la négociation collective fait partie intégrante de la lutte contre le capital financier.
La tâche la plus urgente à laquelle se trouve confronté le mouvement syndical organisé consiste à unir ses rangs autour de politiques de lutte des classes et d’actions militantes pour contrecarrer l’offensive des entreprises, à provoquer une transformation démocratique et anti-monopoliste et à rééquilibrer les forces de classe en faveur de la classe ouvrière et de ses alliés. Des politiques de lutte des classes et un programme élargi représentant les secteurs et les couches les plus larges de la population canadienne sont nécessaires, pour reconstituer les rangs des travailleurs et gagner le soutien populaire nécessaire afin de devenir le catalyseur qui unit le peuple dans son ensemble en un mouvement politique de gauche. La transition vers le syndicalisme de lutte de classes et la création de coalitions est nécessaire afin de lutter contre la collaboration et pour la démocratie et l’unité des classes.
Pour un mouvement syndical souverain, indépendant et uni
Pour combattre le pouvoir des grandes entreprises et des multinationales, le mouvement syndical doit devenir souverain, indépendant et uni au plus haut niveau de stratégie et d’actions coordonnées. Un mouvement syndical souverain est un mouvement dont les affiliés sont des syndicats canadiens ou québécois ou, dans le cas des syndicats « internationaux » basés aux États-Unis, dont les membres au Canada ont l’autonomie et le contrôle de leurs affaires, y compris l’action politique indépendante. L’autonomie canadienne est une étape sur la voie de la pleine souveraineté. L’indépendance signifie l’absence de tout contrôle de la part des employeurs. La souveraineté et l’indépendance sont les conditions d’un mouvement syndical véritablement uni et militant, régi par le principe d’« Une attaque contre un est une attaque contre tous », plaçant en tout temps les intérêts du mouvement en question dans son ensemble au-dessus des intérêts particuliers des membres affiliés. Il doit s’opposer au maraudage syndical et résoudre les conflits de compétence dans l’intérêt des travailleurs concernés et du mouvement dans son ensemble.
Face à la restructuration capitaliste, les travailleurs et leurs syndicats doivent exiger un plus grand contrôle sur l’introduction de changements technologiques, le déplacement ou la fermeture des usines, la durée du temps de travail, les politiques d’investissement des entreprises, le recyclage de la main-d’œuvre, la santé et la sécurité au travail, ainsi que l’équité salariale. Pour obtenir une plus grande part des avantages de la nouvelle technologie, les travailleurs et les syndicats doivent se battre pour une semaine de travail plus courte sans perte de salaire net. Ils doivent également s’opposer à la privatisation et lutter pour l’expansion du secteur public. Ces revendications s’attaquent au pouvoir des entreprises sur les lieux de travail.
Le mouvement syndical doit défendre les intérêts de tous les travailleurs et travailleuses, qu’ils soient employés ou chômeurs, syndiqués ou non, et accorder une attention toute particulière à ceux et celles qui sont les plus exploités et sous-payés. La solidarité d’aujourd’hui doit s’engager dans les changements structurels de la classe ouvrière elle-même, en grande partie jeune, instruite et employée précaire, toujours plus féminisée et basée dans des communautés racisées.
Grâce à la syndicalisation du secteur public, la majorité des travailleurs et travailleuses syndiqués sont désormais membres de syndicats canadiens. Cependant, un grand nombre d’entre eux, surtout dans les syndicats du secteur privé, sont toujours représentés par des syndicats internationaux dont le siège social se trouve aux États-Unis. Par conséquent, la lutte pour l’autonomie canadienne et l’indépendance des sections canadiennes des syndicats internationaux devra se poursuivre, toujours fondée sur la nécessité vitale de maintenir l’unité du mouvement syndical, tout en veillant à ce que les travailleurs et travailleuses canadiens aient le droit de prendre toutes les décisions les concernant au sein de leurs syndicats respectifs et du mouvement syndical dans son ensemble.
Le mouvement syndical doit combattre avec fermeté toutes les formes de discrimination et d’intolérance qui divisent la classe ouvrière, tant dans ses propres rangs qu’au sein de la société dans son ensemble. Il doit lutter contre le racisme, le sexisme, l’homophobie, la transphobie et contre la discrimination à l’égard des jeunes, des travailleurs âgés et des personnes handicapées.
Le mouvement syndical, dont plus de 50 % des membres sont désormais des femmes, doit défendre les droits sociaux et les droits en milieu de travail des femmes et des personnes non binaires, et promouvoir leur pleine participation au sein des structures syndicales à tous les niveaux de responsabilité et de direction.
Il doit également consolider l’unité de classe entre les travailleurs et travailleuses du Québec et ceux et celles du reste du Canada, ainsi qu’entre les travailleurs et travailleuses autochtones et non autochtones. Il doit s’opposer aux manifestations de chauvinisme national et respecter la diversité nationale et culturelle au sein de la classe ouvrière dans son ensemble.
Comme condition pour assurer ses propres avancées, le mouvement syndical doit également renforcer sa solidarité internationale avec les travailleurs et travailleuses du monde entier et appuyer leurs luttes.
Il doit également rechercher et établir des alliances stables et durables avec d’autres mouvements démocratiques et sociaux pour défendre et promouvoir les droits démocratiques, la souveraineté et le bien-être socioéconomique des masses laborieuses en général, et s’opposer au néolibéralisme, à la mondialisation capitaliste, à l’impérialisme et à la guerre.
La tâche consistant à syndiquer la majorité des non-syndiqués de la classe ouvrière, pour les aider à élever leur niveau de vie et à s’engager dans l’action politique et la lutte contre le capital financier n’en demeure pas moins urgente. Il s’agit notamment de syndiquer le nombre croissant de techniciens, de scientifiques et de professionnels, ainsi que de travailleurs des industries de services qui emploient un grand nombre de femmes, de jeunes et d’immigrants. Cette tâche implique également des efforts particuliers pour syndiquer les travailleurs et travailleuses à temps partiel, temporaires et contractuels, et l’organisation des chômeurs. Cela exigera une vision du syndicalisme social et de lutte de classe qui cherche à représenter la classe dans son ensemble, au-delà des limites d’une négociation collective étroite. C’est l’ingrédient essentiel de la création d’une coalition où les syndicats se font le noyau de la résistance et de la transition. Cette tâche comporte une lutte active pour l’égalité et contre la discrimination en milieu de travail.
Les droits des chômeurs et chômeuses doivent également être défendus, et tous les efforts doivent être déployés pour les aider à organiser leurs rangs et à se battre pour qu’ils reçoivent leurs pleines prestations d’assurance-emploi et qu’ils arrivent à se trouver des emplois décents.
Le mouvement syndical doit protéger les droits de tous ses membres au sein même des syndicats, en particulier les membres de la base, et les encourager à participer à toutes les activités syndicales. Il doit défendre le principe de la démocratie syndicale et s’opposer aux pratiques bureaucratiques et autres pratiques non démocratiques qui nuisent à la participation des membres et à leur exercice du contrôle.
Pour faire avancer la lutte générale de la classe ouvrière, le mouvement syndical doit s’engager dans un programme complet d’action politique syndicale indépendante pouvant mobiliser les travailleurs et travailleuses syndiqués dans une lutte démocratique et politique, en plus des luttes économiques sur les lieux de travail contre leurs employeurs.
Pour rallier le mouvement syndical à un tel programme de lutte, il faut d’abord remettre en cause les politiques de droite de collaboration de classe et de trahison des intérêts des travailleurs et travailleuses, et les remplacer par des politiques en cohérence avec la lutte des classes. La lutte contre l’opportunisme, la collaboration, la concurrence et la trahison est un combat essentiel pour la démocratie syndicale, l’expansion, la survie et l’unité de la classe ouvrière dans son ensemble. Historiquement parlant, les communistes se sont toujours dédiés à cette lutte au sein du mouvement syndical et travaillent à faire respecter les meilleurs principes du militantisme syndical, et à une participation démocratique la plus large possible à la prise de décisions.
Politiques et perspectives de la classe ouvrière
La conquête de la classe ouvrière et l’unité du peuple puis, éventuellement, celle du pouvoir politique exige une idéologie indépendante de la classe ouvrière. Cela implique une longue bataille pour une véritable politique de la classe ouvrière, forgée dans le processus de lutte contre l’idéologie capitaliste au sein du mouvement ouvrier et contre les porteurs de cette même idéologie.
Historiquement parlant, l’exploitation impérialiste des peuples coloniaux et semi-coloniaux a toujours servi de base économique au réformisme et à l’opportunisme au sein du mouvement ouvrier, permettant ainsi aux impérialistes des pays exploiteurs de céder une petite part de leurs superprofits à une partie des travailleurs et travailleuses, sous la forme de salaires plus élevés. Cela a servi de base pour la collaboration avec la classe capitaliste, c’est-à-dire la collaboration de classes, et pour la pénétration des idées capitalistes au sein du mouvement ouvrier. Dans la mesure où les monopoleurs canadiens se sont partagé les superprofits coloniaux, ce processus a pu avoir ses effets sur le mouvement ouvrier canadien.
Dans la période qui suivra la Seconde Guerre mondiale, la croissance considérable des forces productives du capitalisme, l’augmentation de la productivité du travail et l’intensification de son exploitation, ainsi que le taux croissant d’accumulation du capital, aura permis au capital financier de poursuivre une politique de concessions face aux revendications de la classe ouvrière. Ce qui aura eu pour effet d’encourager la pensée réformiste parmi les travailleurs et travailleuses, notamment (comme par le passé) ceux et celles des secteurs privilégiés bénéficiant d’avantages matériels particuliers. La pensée réformiste était également encouragée, comme toujours, par la propagande idéologique de la classe dirigeante et par les salaires et les styles de vie relativement privilégiés d’une partie importante des dirigeants syndicaux.
La classe capitaliste et l’aile droite du mouvement ouvrier ont utilisé cette longue période de développement capitaliste relativement dynamique, pour cultiver l’illusion que le capitalisme est capable d’engendrer un progrès social continu, pouvant répondre aux exigences toujours plus grandes du peuple tout entier. La grande influence de cette propagande tendait à rendre le capitalisme acceptable pour d’importantes couches de travailleurs et travailleuses.
Cependant, la base économique du réformisme et de la collaboration de classes ne cesse de s’éroder. Au fur et à mesure que la crise systémique du capitalisme monopoliste s’aggrave, les grandes entreprises imposent de plus en plus d’exigences à la classe ouvrière pour lui arracher davantage de concessions. Ce qui oblige, à leur tour, les travailleurs et travailleuses à renforcer leur résistance. Par conséquent, les possibilités de parvenir à un accord global – ou « contrat social » –, entre le travail et le capital, se font de plus en plus difficiles.
Mais ce changement objectif de la part du monopole, vers une attaque plus ouverte contre les masses laborieuses, n’élève pas automatiquement ni immédiatement la conscience du peuple. C’est ainsi que le réformisme bourgeois et social demeure la caractéristique dominante du mouvement ouvrier. Même s’il est en pleine croissance, le militantisme, à lui seul, ne suffit pas à élever la conscience de classe et politique.
Sous le capitalisme, les conditions de vie réelles des travailleurs et travailleuses créent les conditions pour combattre et vaincre les illusions qui consistent à croire que le capitalisme est toujours capable de livrer la marchandise. L’exploitation des travailleurs et travailleuses s’intensifiant, ils doivent en conséquence mener des luttes plus larges, plus militantes et plus unies pour satisfaire leurs besoins. Les illusions entretenues par le réformisme social entrent toujours plus en conflit avec les réalités de la lutte des classes.
Ainsi, la bataille pour la politique et l’unité de la classe ouvrière implique une lutte idéologique contre les illusions du capitalisme qui circulent au sein du mouvement ouvrier.
Le Parti communiste mène une lutte constante contre l’idéologie réformiste, c’est-à-dire ces idées opportunistes qui associent étroitement les intérêts de la classe ouvrière à ceux du capitalisme. Les réformistes voient l’État capitaliste comme une autorité impartiale, se tenant au-dessus des classes. Le réformisme au sein de la classe ouvrière conduit à la collaboration de classes – et à l’illusion d’un éventuel partenariat de classes – entre les travailleurs et les capitalistes. Les idées réformistes limitent les mouvements populaires à des objectifs parlementaires étroits et à des réformes partielles. Certains réformistes définissent le but du socialisme comme une « société juste » ou un « État-providence », voyant le socialisme comme le résultat d’une suite interminable d’améliorations ou d’étapes du capitalisme. C’est ainsi qu’ils désarment politiquement la classe ouvrière et adaptent le mouvement ouvrier à la préservation du capitalisme.
Les communistes soutiennent que les lois générales du capitalisme ne laissent aux travailleurs et travailleuses d’autre choix que de riposter contre les conséquences de sa crise systémique, d’affronter et de briser le pouvoir du capital financier pour enfin renverser le système capitaliste et de le remplacer par le socialisme.
Tout en s’opposant au réformisme, le Parti communiste soutient la lutte pour des réformes visant à protéger les masses laborieuses des effets de l’exploitation capitaliste. Lutter pour des réformes aide la classe ouvrière à gagner en confiance et en expérience, à renforcer son unité et son organisation, à approfondir sa conscience de classe et à renverser en sa faveur le rapport de force entre les classes dans la société. Le Parti communiste considère que la lutte pour des réformes est liée à la transformation révolutionnaire de la société.
La social-démocratie
La social-démocratie est la principale expression politique de l’idéologie réformiste et de la collaboration de classes au sein du mouvement ouvrier au Canada. L’histoire de la social-démocratie au Canada, surtout depuis 1945, est intimement liée à un anticommunisme virulent et à la collaboration de classes, ayant comme ambition de gouverner au nom du capital. Voilà le grand défaut de la social-démocratie, qu’il serait impossible de corriger par de nouvelles incarnations de réformisme social.
Un grand nombre de personnes qui se considèrent comme des « socialistes démocrates » se lancent dans l’action politique, autour de luttes pour de meilleurs salaires et un meilleur niveau de vie, l’égalité sociale, les droits démocratiques et civils, de même que d’autres questions. Malgré ces contributions positives, le « socialisme démocratique », une forme de social-démocratie, est une théorie qui rejette le socialisme scientifique et constitue une impasse dans le mouvement ouvrier : il n’est ni fondé sur les classes, ni anticapitaliste, ni révolutionnaire. Le « socialisme démocratique » définit le mouvement communiste comme antidémocratique. Il rejette la nécessité d’un parti politique révolutionnaire de la classe ouvrière, et nie les réalisations historiques de la classe ouvrière sous le socialisme. Son contenu est essentiellement la collaboration de classes et l’anticommunisme.
La social-démocratie n’est cependant pas le seul moyen de propagation de l’idéologie bourgeoise au sein des mouvements syndicaux, ouvriers et populaires. Les partis bourgeois tentent d’agir au sein des syndicats et d’autres mouvements démocratiques de masse pour y exercer leur influence. L’appareil d’État et son infrastructure, y compris les établissements d’enseignement et les institutions culturelles, les médias de masse capitalistes et d’autres institutions de la classe dirigeante, mènent chaque jour leurs attaques idéologiques contre les masses laborieuses.
Cela dit, le principal obstacle à l’unité du mouvement ouvrier, à l’unification des forces progressistes et à l’établissement d’une unité antitrust est la social-démocratie de droite et l’anticommunisme.
Le Parti communiste s’est toujours efforcé d’unir les secteurs réformistes et révolutionnaires du mouvement ouvrier dans la lutte pour la paix, la démocratie et l’indépendance du Canada, et contre la domination des entreprises.
Cependant, l’aggravation de la crise du capitalisme et l’intensification de la lutte entre le capital et le travail qui en résulte suscitent un profond conflit idéologique et politique dans les rangs de la social-démocratie. Tant au Canada qu’à l’échelle internationale, les dirigeants de droite du mouvement social-démocrate ont complètement abandonné les buts du « socialisme », pour adopter ceux du capitalisme mondialisé et réorienter les partis sociaux-démocrates, en prônant l’illusion de pouvoir gérer un capitalisme « à visage humain ».
La nouvelle orientation de la social-démocratie – reflet d’un changement de sa base de classe, de la classe ouvrière vers la petite bourgeoisie, les professions libérales et d’autres secteurs de la classe moyenne – ne s’est pas faite sans lourdes conséquences. Ce changement a provoqué de profondes divisions au sein du Nouveau Parti démocratique (NPD) – principal représentant de la social-démocratie au Canada anglophone –, entre ses dirigeants de droite et un secteur de plus en plus marginalisé de ses membres qui gardent leurs convictions socialistes, voire des positions traditionnelles de la social-démocratie même. Ce vif débat s’est donc poursuivi au sein du mouvement ouvrier lui-même, remettant en question le maintien des liens politiques et organisationnels entre le NPD et le Congrès du travail du Canada (et ses affiliés). Le Parti communiste estime que le mouvement syndical n’est pas avantagé par une affiliation automatique de ses membres ou par des liens organisationnels permanents avec le NPD ou tout autre parti politique, mais qu’il doit plutôt mener une action politique indépendante dans la lutte extraparlementaire au sein des masses, ainsi que soutenir certains candidats et candidates aux élections, partis, programmes de coalition ou politiques en particulier.
Ces développements témoignent du fossé qui ne cesse de se creuser entre les intérêts de la classe ouvrière et ceux de la social-démocratie de droite.
Dans la lutte de tous les jours, les communistes travaillent en étroite collaboration avec les sociaux-démocrates de gauche et d’autres militants des mouvements ouvriers et progressistes, et s’efforcent de développer l’unité d’action et la coopération. Le Parti communiste continue de travailler à une coopération avec le NPD autour d’enjeux et de réformes en commun, malgré l’écart croissant entre les principes et l’allégeance de classe des deux partis. De même, au Québec, le Parti communiste travaille en coopération avec Québec solidaire, un parti social-démocrate de gauche et indépendantiste.
Plus le Parti communiste travaillera efficacement à l’unité de la gauche et de la démocratie et renforcera son activité politique indépendante, tout en mettant de l’avant son programme et ses politiques marxistes-léninistes, plus les forces de gauche, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du NPD, pourront être amenées à lutter ensemble pour de véritables politiques progressistes.
La construction d’alliances au sein des forces populaires
Alors que le capital monopoliste s’attaque au niveau de vie et aux intérêts de la classe ouvrière et d’autres couches sociales, de larges secteurs de la population canadienne sont contraints, pour défendre leurs propres intérêts économiques et politiques, de lutter contre le pouvoir du capital financier et de l’État. Tel est le processus croissant qui caractérise notre époque.
Les mouvements populaires font participer un nombre croissant de Canadiens et Canadiennes à des activités politiques extraparlementaires. L’union de ces forces, avec la classe ouvrière elle-même, au sein de larges coalitions pour résister à l’offensive du capital financier, devra jeter les bases d’un progrès démocratique et social et de l’émergence d’une alliance démocratique, anti-monopoliste et anti-impérialiste pleinement développée.
Ces forces incluent d’autres classes et couches sociales dont les conditions contradictoires les amènent plus souvent, et à des degrés divers, à entrer en conflit avec les intérêts des grandes entreprises. Les agriculteurs et autres producteurs primaires, les professionnels, les intellectuels, les propriétaires de petites entreprises et les capitalistes indépendants et non monopolistes partagent des intérêts communs à s’opposer aux politiques réactionnaires du capital financier et de ses gouvernements.
Ces forces comprennent aussi des courants progressistes au sein du mouvement national québécois. Bien que ce dernier soit principalement dirigé par des forces bourgeoises et petites-bourgeoises, il attire également dans ses rangs certaines personnes à l’esprit démocratique et progressiste.
De même, par leurs luttes croissantes pour la justice sociale, ainsi que pour leurs droits inhérents, y compris le droit à l’autodétermination, les peuples autochtones constituent une force importante dans la lutte pour la démocratie et contre la domination monopoliste.
Une multitude de mouvements populaires, de caractères hétérogènes, s’unissant autour des luttes démocratiques et sociales, jouent un rôle particulièrement important partout au Canada. Parmi lesquels figurent le mouvement pour l’égalité des femmes et celui pour la protection de l’environnement, les mouvements pour la paix et la solidarité, le mouvement des jeunes et des étudiants, les mouvements de justice sociale, les mouvements contre le racisme, la discrimination et le fascisme, le mouvement 2S/LGBTiQ pour l’orientation sexuelle et les droits liés à l’identité et à l’expression de genre, les forces progressistes au sein des communautés religieuses et les luttes croissantes au sein des communautés culturelles, pour les personnes âgées et pour les réformes communautaires et urbaines.
À la fin du siècle dernier, le mouvement des femmes était devenu une force encore plus efficace et importante au sein du mouvement du peuple contre la réaction et le néolibéralisme. Une attaque prolongée de la part des gouvernements néolibéraux, y compris l’arrêt du financement des organisations pancanadiennes, provinciales et locales de femmes, a eu pour effet d’affaiblir et de diviser le mouvement des femmes. Cependant, l’organisation et la lutte pour l’unité se poursuivent. La lutte en faveur d’un salaire égal pour un travail de valeur égale, d’une action positive, de congés de maternité et parentaux entièrement payés, du choix en matière de procréation et de la mise en place de services publics de garde d’enfants accessibles à tous, abordables et de qualité a reçu un large soutien de la part des mouvements ouvriers et populaires. L’une des luttes les plus importantes pour les droits des femmes et pour la justice est celle pour les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.
Pour unir les masses laborieuses dans une lutte commune contre l’ennemi commun, il faut d’abord combattre les pratiques et les idées sexistes, renforcées par les médias et la culture contrôlés par les monopoles. Il convient également de s’opposer à la campagne idéologique croissante, organisée par les forces socialement conservatrices et néolibérales, voire carrément fascistes, qui cherchent à promouvoir des idées réactionnaires.
La crise du capitalisme touche directement les jeunes, entraînant une augmentation du militantisme et de la résistance dans leurs rangs. Alors qu’ils voient leurs aspirations à un avenir meilleur minées par le capitalisme, les jeunes travailleurs, étudiants et ceux provenant des couches moyennes désirent davantage de changements. Leurs luttes sont axées sur l’emploi et l’éducation. Nombre d’entre eux s’opposent également à la mondialisation capitaliste et à l’agression impérialiste.
Les attaques néolibérales contre l’éducation postsecondaire font de l’éducation un privilège davantage pour les riches. Le mouvement étudiant riposte à ces attaques, en exigeant des programmes d’éducation accessibles, de qualité et financés de manière adéquate, ainsi que la fin des frais de scolarité et de la dette étudiante. Les jeunes protestent contre un système éducatif conçu pour répondre aux besoins du capital financier.
Les jeunes travailleurs et travailleuses sont confrontés à un taux de chômage supérieur à la moyenne, à des conditions de travail dangereuses et à un manque de formation. Ils font l’objet d’une exploitation accrue par le biais de contrats précaires et de « travail à la demande », ainsi que de stages non rémunérés. Les jeunes chefs de famille représentent une grande proportion des personnes vivant dans la pauvreté. Pour lutter contre ces conditions, le mouvement syndical doit syndiquer les non-syndiqués, qui sont le plus souvent de jeunes travailleurs.
Bien que l’aliénation générée par le capitalisme monopoliste soit largement répandue, démoralisant de nombreux jeunes, ces derniers luttent pour y mettre fin. Cette lutte, tout comme celles portant sur l’éducation et l’emploi, n’est en fait qu’une lutte pour un changement social fondamental.
Une lutte s’intensifie également contre la domination des États-Unis sur notre vie économique, politique et culturelle, facilitée par la trahison de la classe dirigeante canadienne. Aujourd’hui, la lutte pour la souveraineté et l’indépendance du Canada en est une pour son avenir, une lutte qui constitue une condition essentielle et un pas en avant vers le socialisme.
Un nombre toujours croissant de Canadiens et Canadiennes unissent leurs efforts pour faire avancer les revendications démocratiques, anti-corporatistes et progressistes sur une multitude de questions sociales et relatives aux classes. Parmi ces mouvements figurent, entre autres, ceux qui visent à :
- défendre le régime d’assurance maladie, l’éducation publique, les pensions et les autres programmes sociaux; s’opposer à la déréglementation et empêcher la privatisation et le démantèlement du secteur public par les gouvernements néolibéraux;
- lutter contre la mondialisation capitaliste et le pillage des peuples du tiers monde par les sociétés multinationales, défendre la souveraineté du Canada et empêcher l’aliénation des richesses et des ressources naturelles de notre pays;
- protéger et préserver l’environnement de la dévastation gratuite des entreprises;
- s’opposer à la guerre, à l’agression impérialiste, à la poursuite de la course aux armements et à la participation du Canada à l’OTAN; exiger l’élimination de toutes les armes de destruction massive et l’adoption d’une politique étrangère canadienne indépendante de paix et d’amitié avec toutes les nations et tous les peuples;
- lutter contre le racisme, la discrimination et l’intolérance, et s’opposer à toute résurgence du fascisme au Canada;
- soutenir les revendications légitimes des peuples autochtones, y compris le règlement équitable des revendications territoriales, la reconnaissance de leur droit à l’autodétermination et de leurs droits inhérents, et la fin des politiques génocidaires qui se poursuivent jusqu’à nos jours;
- défendre les droits à l’égalité des lesbiennes, des gais, des bisexuels et des transgenres;
- défendre les droits des personnes fondés sur l’orientation sexuelle, l’identité et l’expression de genre et sur les caractéristiques sexuelles des personnes intersexuées;
- reconnaître le logement comme un droit humain universel, augmenter l’offre de logements abordables dont les frais de logement ne dépassent pas 20 % du revenu, et étendre le droit des locataires à s’organiser et à agir collectivement;
- défendre et étendre les droits des personnes handicapées;
- lutter contre la masse réactionnaire des États-Unis, la culture d’entreprise et assurer le développement d’une culture canadienne démocratique qui reflète les aspirations progressistes et les luttes démocratiques des masses laborieuses de toutes les nations et de toutes les origines;
- défendre les droits de la personne et les droits individuels, sociaux et démocratiques du peuple canadien, et empêcher leur érosion par les entreprises et les gouvernements.
En luttant pour atteindre leurs buts et objectifs, ces mouvements entrent inévitablement en conflit avec le capitalisme monopoliste. Dans une plus ou moins grande mesure, leurs efforts pour changer la politique du gouvernement et obtenir des réformes progressistes, même légères, défient les intérêts acquis et rencontrent la résistance combinée du capital financier réactionnaire et de son État. En ce sens, ces mouvements ont un caractère objectivement antitrust et constituent donc des forces importantes dans la lutte pour un changement démocratique et social fondamental, en alliance avec la classe ouvrière.
Pour rallier la majorité de la population canadienne à l’idée de se soustraire à l’influence du capitalisme, il faudra mener une lutte continue et complexe, tout en adoptant des tactiques politiques flexibles.
L’action politique indépendante que mènent les syndicats, les mouvements populaires et démocratiques, peut être le moyen de gagner les masses populaires à l’idée de rejeter les partis capitalistes, et de les engager dans la voie de l’indépendance politique et d’un changement fondamental. Le Parti communiste fera tout en son pouvoir pour convaincre tous ceux et celles qui participent à une activité politique indépendante de lutter pour des mesures systématiquement antitrust et progressistes.
Le Parti communiste voit dans les luttes du peuple autour de ses aspirations économiques, sociales et politiques le facteur décisif qui déterminera le cours du développement social.
Le Parti communiste associe le travail de masse à la base, le soutien et la participation aux mouvements de masse, à la lutte incessante visant à élire une majorité de députés de gauche au Parlement, comme faisant partie intégrante de la voie vers le socialisme. Aucun progrès important de la lutte parlementaire n’est possible sans action de masse du peuple.
Conformément à notre lutte continue pour l’unité de la classe ouvrière et de la démocratie, le Parti communiste détermine sa propre tactique électorale en fonction des circonstances et du rapport de forces en présence à chaque élection. Il présente des candidats sur la base de sa plateforme électorale, dans le cadre de la lutte générale pour l’unité des forces démocratiques, de gauche et contre les monopoles.
Les gouvernements locaux sont plus accessibles et plus près des collectivités et de la population, mais leurs pouvoirs et leur rôle sont minés par les législations des niveaux supérieurs. Sur le plan municipal, le Parti travaille à la mise en place d’alliances civiques larges et progressistes pour faire face aux difficultés croissantes de nos villes, de nos municipalités et de nos régions rurales, qui affectent négativement la vie des travailleurs, des propriétaires et des locataires.
Dans tous les aspects de son travail politique de masse, le Parti communiste s’efforce de contribuer à la construction d’une alliance démocratique, anti-monopoliste et anti-impérialiste. Une telle nouvelle alliance devra inclure le Parti communiste et d’autres partis et organisations politiques, les organisations populaires démocratiques du Québec et du Canada anglophone, les peuples autochtones, les syndicats, les organisations agricoles, les organisations de jeunes et d’étudiants, les associations d’intellectuels et de professionnels, les organisations de femmes et de 2S/LGBTiQ, les organisations de personnes âgées et les coopératives.
Le Parti communiste travaille à unir toutes ces forces populaires pour constituer la base d’un gouvernement populaire démocratique, anti-monopoliste et anti-impérialiste, dirigé par la classe ouvrière, dans lequel il aspire à jouer un rôle clé.