Au cours du siècle dernier, la révolution scientifique et technologique a créé d’immenses possibilités d’améliorer la qualité de vie. Jamais auparavant l’humanité n’avait disposé de telles possibilités lui permettant de développer autant la productivité que la créativité, tout en réduisant le travail manuel et le temps de travail. Nous avons aujourd’hui la capacité de vaincre la faim, la maladie et la misère partout dans le monde, de permettre une vie digne à tous les peuples et, en même temps, de léguer aux générations futures une planète saine et viable avec ses différents écosystèmes.
Pourtant, au lieu de réaliser ce potentiel, la forte croissance des forces productives et de la richesse sociale sous le capitalisme sert à intensifier l’exploitation du travail humain, ainsi que le pillage et la destruction de l’environnement mondial. Au lieu d’améliorer la vie, le capitalisme utilise les progrès de la technologie pour produire la plus coûteuse des nouvelles générations d’armes meurtrières de destruction massive, et menace l’existence même de l’humanité et d’autres espèces sur notre planète.
Il est donc de la plus haute importance de définir les traits et caractéristiques actuels du système capitaliste mondial, afin de pouvoir déterminer les tâches qui incombent aux communistes et aux forces révolutionnaires et progressistes aujourd’hui. La société capitaliste a connu d’importants changements au cours du siècle dernier. L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, a pris forme. Des monopoles se sont créés et ont fini par jouer un rôle décisif dans la vie économique, sociale et politique. Le capital bancaire et le capital industriel ont fusionné pour former le capital financier, de même qu’une oligarchie financière. L’exportation des capitaux a pris une plus grande importance par rapport à l’exportation des marchandises. Des associations internationales monopolistes de capitalistes se sont formées, conduisant à une nouvelle étape dans l’internationalisation du capital et de la production. Le capitalisme monopoliste d’État – la fusion des monopoles les plus puissants du capital financier et de l’appareil d’État bourgeois – a finalement vu le jour.
Le développement de l’impérialisme et la lutte entre les principales puissances capitalistes pour rediviser le monde ont également conduit à des guerres inter-impérialistes mondiales, à la montée du fascisme, au pillage colonial et néocolonial, ainsi qu’à l’agression impérialiste contre les peuples dans de nombreux pays.
Le XXe siècle est également marqué par d’importantes avancées scientifiques, politiques et sociales. L’événement politique le plus important, étant la Révolution socialiste d’octobre 1917 en Russie, qui porte la classe ouvrière au pouvoir politique, conduit à la formation du premier État socialiste et marque le début d’une nouvelle ère dans le développement des relations sociales humaines. Cette révolution historique, le rôle décisif joué par l’URSS dans la défaite du fascisme et l’émergence consécutive d’autres États socialistes, regroupant ensemble un tiers de la population mondiale, ont eu un impact profond sur l’évolution du monde.
La tendance révolutionnaire au sein du mouvement de la classe ouvrière a grandi et mûri, et d’autres révolutions socialistes ont eu lieu. Des luttes de libération nationale ont réussi à briser les chaînes du joug colonial dans l’ensemble du « Tiers Monde ». Des luttes de classe et des luttes démocratiques acharnées, menées au Canada, aux États-Unis et dans d’autres pays capitalistes, ont permis d’obtenir de nombreux gains sociaux et économiques importants pour les masses laborieuses, et d’étendre les droits de la personne pour les travailleurs, les femmes et les jeunes dans de nombreux pays.
Néanmoins, dans les années 1970, le capitalisme mondial entre dans une nouvelle phase. L’accumulation du capital dans les pays impérialistes doit alors faire face à l’intensification de la concurrence internationale, à l’essor de la révolution technique dans les communications et les transports, à l’augmentation astronomique des dépenses en armement et à des crises énergétiques. Poussé par la baisse du taux de profit, le capital financier s’engage dans une voie néolibérale caractérisée par une forte intensification de l’exploitation de la main d’œuvre et de l’environnement, ainsi qu’une accélération de la mondialisation capitaliste. Fondé sur l’augmentation des exportations de capitaux et leur mobilité internationale, le pillage des sources extérieures de main-d’œuvre et de ressources naturelles, ainsi que l’internationalisation de la production et des marchés dominés par des monopoles impérialistes, un ordre mondial néolibéral commence dès lors à prendre forme.
Peu à peu, puis plus ouvertement, les politiques publiques se sont tournées vers la privatisation, la déréglementation, la sous-traitance, la réduction d’impôts sur les sociétés, le libre-échange, les attaques contre les normes du travail et de l’environnement, ainsi que le démantèlement des programmes sociaux. Il ne s’agissait pas là simplement d’un changement de « politique », mais bien d’un élément clé des nouvelles conditions de l’accumulation du capital à l’échelle internationale. Tous les partis capitalistes – conservateurs, libéraux, sociaux-démocrates – se sont engagés dans la même direction générale, bien qu’à des rythmes différents.
Ce changement mondial s’est traduit par une plus grande paupérisation, tant absolue que relative. Les normes de santé et d’éducation ont chuté. Dans les pays en voie de développement, l’effondrement et la stagnation de l’agriculture ont entraîné une migration massive des paysans vers les villes, submergeant les infrastructures urbaines sous-financées et générant des crises environnementales. Partout dans le monde, l’armée de réserve des chômeurs s’est considérablement accrue.
La nouvelle phase néolibérale du capitalisme a révélé plus clairement le caractère prédateur, parasitaire et moribond de l’impérialisme. Le capitalisme, en tant que système, et sa classe dirigeante ne se maintiennent en place qu’au détriment des grandes masses laborieuses et de l’environnement mondial. Les politiques anti-ouvrières et anti-populaires des gouvernements capitalistes ont conduit, non pas au progrès social, mais plutôt à la régression sociale, aggravant les immenses problèmes auxquels l’humanité se trouve maintenant confrontée.
La situation actuelle sur la scène internationale est marquée par les politiques barbares et inhumaines de l’impérialisme. L’humanité vit des heures sombres en raison de la volonté agressive de domination et d’assujettissement de l’impérialisme, qui se manifeste encore plus ouvertement depuis la défaite du socialisme en Union soviétique et dans plusieurs autres pays anciennement socialistes.
Les revers dramatiques subis par le socialisme au cours de la dernière décennie du XXe siècle ont modifié l’équilibre des forces sociales et de classe dans le monde en faveur de l’impérialisme, forçant les mouvements ouvriers, progressistes et anti-impérialistes du monde entier à se mettre à la défensive.
L’impérialisme profite pleinement de la nouvelle situation résultant de ce recul historiquement temporaire. Les puissances impérialistes, et celle des États-Unis en particulier, intensifient leurs efforts pour étendre leur domination économique, politique et militaire aux quatre coins du monde. L’impérialisme états-unien a adopté une stratégie mondiale visant à étendre sa sphère d’influence et à s’emparer de tous les marchés et sources possibles de matières premières.
Loin de disparaître, toutes les grandes contradictions ayant façonné le monde au cours du siècle dernier ne cessent de s’accentuer. Cela crée des conditions objectives permettant de renforcer la lutte des travailleurs et des peuples, une lutte indispensable ouvrant des perspectives d’une alternative progressiste.
Parmi ces contradictions se trouvent celle entre le travail et le capital à l’échelle internationale, ainsi qu’au sein de chaque pays capitaliste respectif; celle entre l’impérialisme et les forces socialistes dans le monde; celle entre l’impérialisme et les peuples des pays en voie de développement; celle entre les principaux pays impérialistes eux-mêmes; et celle entre le mode de production capitaliste et l’environnement mondial.
Dans un monde dominé par les rapports de production capitalistes, la contradiction la plus importante et la plus fondamentale demeure encore celle entre le travail et le capital. Les actions des organisations capitalistes internationales et des multinationales accentuent la contradiction entre la nature sociale de la production et l’appropriation capitaliste de sa production. L’une ou l’autre de ces principales contradictions pourrait, à tout moment, s’intensifier et passer au premier plan. De plus, chaque contradiction en cours de maturation agit sur les autres et les accentue davantage, approfondissant ainsi la crise généralisée du capitalisme.
L’énorme potentiel de développement des forces productives créé par le progrès scientifique et technique est faussé et limité par la logique des rapports de production capitalistes et la recherche du profit maximum. Des secteurs entiers de la principale force productive – les masses laborieuses – sont dévalorisés, mis au rancart et même éliminés. Le chômage, le sous-emploi et le manque d’éducation représentent un énorme gaspillage de potentiel économique ainsi qu’une tragédie